Nos agissements et notre manière de percevoir le monde sont dictés par notre inconscient. Il nous pousse parfois à adopter des comportements dysfonctionnels afin d’éviter de revivre d’anciennes blessures ou des traumatismes passés. L’auto-hypnose inspirée de l’hypnose ericksonienne est une pratique thérapeutique visant à rééduquer l’inconscient en passant par un état modifié de conscience (EMC). Cette « reprogrammation » permet d’opérer un lâcher-prise et d’être en mesure d’agir avec plus de discernement. Qu’est-ce que l’auto-hypnose ? Comment se déroule une séance ? En quoi se différencie-t-elle de la méditation ? Je vous explique tout ce qu’il faut savoir.
L’inconscient : le siège des apprentissages
Tout ce que nous vivons depuis notre enfance laisse une trace dans notre inconscient. Les traumatismes, les humiliations, les blessures, notre éducation, les rapports avec nos parents, mais aussi nos moments de bien-être et de joie sont autant d’apprentissages qui y sont inscrits.
Notre inconscient puise alors dans ces ressources pour mettre en place des stratégies et agir en assurant notre survie. Il est en effet essentiel de se rappeler qu’il agit toujours pour notre bien, y compris lorsqu’il nous pousse à adopter des comportements en apparences inadaptés, voire destructeurs. Cela peut sembler contradictoire, pourtant, peurs, croyances limitantes et addictions ont leur raison d’être : nous protéger du danger.
Prenons l’exemple d’un individu qui à l’âge de huit ans aurait été humilié par son instituteur au moment de réciter une poésie devant ses camarades de classe. Il peut alors légitimement ressentir une forte émotion de honte et une envie irrépressible de fuir.
L’inconscient aura alors intégré la croyance que parler face à une audience est synonyme de malaise et donc de danger. Ainsi, pour éviter de revivre ce traumatisme, il envoie des signaux de danger. Ceux-ci peuvent se manifester par une crise d’angoisse ou une extinction de voix au moment de passer un examen oral ou de devoir prendre la parole en public.
Ce comportement est certes dysfonctionnel, car il peut vous porter préjudice dans certains cas. Par ailleurs, il n’y a aucun danger objectif à s’exprimer devant un public. Mais l’inconscient ne connaît pas d’autres manières de faire. C’est par ce processus que nous sommes amenés à développer certaines croyances et peurs irrationnelles.
L’hypnose thérapeutique, et donc par extension l’auto-hypnose vise à modifier ces “mauvais” apprentissages pour les remplacer par des comportements efficaces et adaptés à notre épanouissement.
L’auto-hypnose ericksonienne : une solution efficace pour lâcher-prise
L’hypnose thérapeutique : communiquer avec l’inconscient
Avant de donner une définition de l’auto-hypnose en tant que telle, il est d’abord utile de rappeler ce qu’est l’hypnose ericksonienne (ou hypnose thérapeutique).
Inspirée des travaux du psychiatre Milton Erickson, l’hypnose ericksonnienne désigne à la fois l’état modifié de conscience (EMC) qu’elle permet d’atteindre, ainsi que les techniques mises en œuvre pour y parvenir.
En hypnose ericksonnienne, un « état modifié de conscience », aussi appelé « transe hypnotique » correspond à un état de conscience situé entre la veille et le sommeil. Il est alors possible d’établir un dialogue avec l’inconscient pour se libérer de ses blocages et puiser les ressources inconscientes qui permettront d’agir autrement, de manière fonctionnelle.
Le praticien guide ainsi la personne vers cet état de conscience grâce à des inductions hypnotiques qui font notamment appel à l’imagination du patient ou grâce à des techniques de focalisation et de concentration bien spécifiques.
Il s’agit, en quelque sorte, d’une rééducation de l’inconscient qui consisterait à lui apprendre comment faire pour mettre en place de nouvelles stratégies.
Il me paraît important de préciser que, contrairement à l’hypnose spectacle, l’hypnose thérapeutique permet à la personne de conserver la pleine maîtrise de ses actes et de son libre arbitre. C’est une pratique très utilisée par les praticiens en thérapies brèves, en psychothérapie et en coaching.
L’auto-hypnose : un outil de guérison et de lâcher-prise
L’auto-hypnose Ericksonienne consiste à pratiquer de manière autonome les techniques d’hypnose thérapeutique sans avoir recours à l’accompagnement d’un thérapeute.
Pour obtenir un résultat, l’auto-hypnose exige une pratique régulière et une certaine connaissance de soi. En effet, un recul est nécessaire pour pouvoir formuler correctement ses objectifs.
Il existe de nombreux livres sur le sujet et vous trouverez de multiples articles à lire, ainsi que des séances d’hypnose en ligne. Toutefois, il peut être intéressant de réaliser une ou plusieurs séances d’hypnose avec un hypnothérapeute. Cela permet de se familiariser avec la discipline et d’être en mesure de reconnaître l’état hypnotique tel qu’il est ressenti dans le corps.
Les bienfaits de l’auto-hypnose
L’auto-hypnose à l’instar de la sophrologie et de la méditation est un outil très puissant de guérison et de lâcher-prise. Il permet de vaincre certaines peurs et de se libérer de croyances erronées qui sont un frein à l’accomplissement de soi.
En agissant directement sur l’inconscient, l’auto-hypnose possède de multiples bienfaits. Elle contribue à :
- résoudre les troubles du sommeil (difficultés d’endormissement, réveils nocturnes) ;
- se libérer des addictions (tabac, nourriture, alcool, drogue, etc.) ;
- vaincre l’anxiété et le stress, et plus généralement mieux gérer ses émotions ;
- guérir les phobies ;
- améliorer les états dépressifs ;
- traiter les troubles post-traumatiques ;
- soulager les douleurs physiques (douleurs chroniques, liées à un traitement médical, douleurs qui font suite à un accident, etc) ;
- faciliter le processus du deuil ;
- perdre du poids ;
- renforcer la confiance en soi ;
- etc.
Apprendre l’autohypnose est également très efficace pour mettre au jour des potentiels jusque là inconscients et donc inexploités :
- booster sa concentration grâce à des exercices de préparation mentale notamment ;
- formuler des objectifs clairs : pratiquer l’autohypnose est un excellent entraînement pour apprendre à formuler ses objectifs et à s’y focaliser ;
- muscler son intelligence émotionnelle : elle constitue un outil puissant pour apprendre à gérer ses émotions ;
- améliorer la connaissance de soi en mettant au jour un certain nombre de processus inconscients qui déterminent notre fonctionnement émotionnel.
L’auto-hypnose : comment pratiquer ?
L’objectif de ce paragraphe est de vous donner une idée globale du déroulement d’une séance. Les techniques employées pour pratiquer l’auto-hypnose dépendent d’une part, de l’objectif de la séance, et d’autre part, des méthodes de relaxation et d’induction qui vous conviennent le mieux.
La préparation d’une séance d’hypnose
À l’instar de l’hypnose, l’auto-hypnose se sert de notre imagination et de la capacité du cerveau à se projeter et visualiser. Elle vise, par le moyen de suggestions thérapeutiques, à induire un état de conscience libéré des stimuli extérieurs. Cela permet d’augmenter sa concentration et de focaliser son esprit sur l’objectif à atteindre.
Pratiquer l’auto-hypnose demande une totale disponibilité et beaucoup de calme. Choisissez donc un moment et un lieu où vous êtes sûr de ne pas être dérangé.
Avant de démarrer une séance, il vous faut d’abord déterminer clairement votre intention. Quel objectif souhaitez-vous atteindre ? Notez ce que vous attendez de la séance en utilisant des termes précis et positifs. En effet, l’inconscient ne comprend pas la négation. Par exemple, ne dites pas : « je ne veux plus fumer » ou « je ne veux plus être stressé », mais plutôt : « je souhaite arrêter de fumer » ou « je veux faire un exercice pour apprendre à me calmer ».
Le déroulement de la séance
Atteindre un état modifié de conscience par soi-même demande d’être bien relaxé et d’apprendre à diriger ses pensées pour se focaliser sur l’objet de la séance. C’est grâce à une induction hypnotique que vous pourrez induire un état de transe.
Il existe de multiples inductions hypnotiques. L’une d’entre elles, très simple, consiste à focaliser son attention uniquement sur sa respiration pendant quelques minutes. Quel est son ampleur, son rythme ? En vous focalisant sur ce mouvement, vous pourrez vous dissocier et laisser l’inconscient prendre les rênes. Elles peuvent aussi consister en des suggestions (ou autosuggestion dans le cas de l’auto-hypnose) utilisant des techniques de visualisation et des métaphores.
Lorsque vous vous sentez basculer vers une conscience modifiée, vous pouvez entrer en contact avec l’inconscient et formuler votre demande. La séance se termine par un retour progressif au monde extérieur en prenant conscience des bruits et des odeurs qui vous entourent. Vous vous reconnectez peu à peu aux sensations de votre corps et pouvez le redynamiser par de grands soupirs et des étirements.
Méditation et auto-hypnose : quelles différences ?
Il est légitime de s’interroger sur ce qui différencie l’auto-hypnose de la méditation. En effet, ces deux pratiques partagent finalement les mêmes objectifs.
À l’instar de la méditation, l’hypnose implique un état de relaxation profonde pour parvenir à communiquer avec l’inconscient.
Les deux pratiques permettent également de développer une meilleure connaissance de soi. Elles visent aussi à renforcer la capacité à se connecter avec soi-même et ce qui vit en soi.
Enfin, les techniques d’hypnose et de méditation ont pour principal objectif d’opérer un lâcher-prise et une modification de nos comportements.
Pour ces raisons, la pratique hypnotique, de même que la méditation sont des outils de coaching, de psychothérapies et de développement personnel très utilisés.
Ces deux techniques possèdent toutefois quelques différences qu’il est utile de souligner :
- l’état de conscience : l’objectif de l’auto-hypnose est d’entrer dans un état modifié de conscience (EMC) dans lequel nous nous coupons en quelque sorte des stimuli extérieurs et focalisons notre concentration sur un objectif précis. La méditation de pleine conscience, au contraire, consiste à connecter ses ressentis au monde extérieur pour parvenir à une conscience totale de celui-ci ;
- la posture physique : méditer exige d’adopter une posture tonique (dos droit, position de vigilance), alors qu’en hypnose, un relâchement du corps s’accompagne d’un lâcher-prise du mental ;
- la focalisation de l’esprit : une séance d’hypnose possède un but précis et utilise les suggestions pour parvenir à un EMC. Méditer consiste à accueillir les pensées et sensations sans chercher à diriger l’esprit ;
L’auto-hypnose est un outil efficace pour lâcher-prise et libérer son potentiel. Il s’agit d’une pratique qui demande un entraînement et une pratique régulière pour obtenir des résultats significatifs.